Naissance du concerto

Quiconque s’aventurerait à bâtir une généalogie des grands violonistes actuels leur trouveraient probablement un ancêtre commun : Arcangelo Corelli, le prince du violon. Son aisance mélodique, la douceur simple et ample de ses harmonies, son ornementation légère et scintillante nourrissent encore nos imaginaires – souvent inconsciemment. Après lui, l’équilibre souverain du violon se fissure pour laisser place à la virtuosité et au drame.
Mais avant ? Comment est-on passé de ces bandes de violons, nées dans les années 1520 pour faire danser les cours du nord de l’Italie, au style concertant ? On croise sur cette route d’authentiques aventuriers : Alessandro Stradella, prolifique prédécesseur de Casanova, assassiné au coin d’une rue par ceux qu’il prétendait tromper impunément, Pandolfi Mealli, adepte du Stylus Phantasticus, qui dut fuir le sud de l’Italie alors qu’une condamnation pour meurtre pesait sur sa tête, Shlomo Min-HaAdumim – plus connu sous le nom de Salomone Rossi, qui lui permit de sortir du ghetto de Mantoue pour séduire les amateurs de toute l’Italie, ou encore Marco Uccellini qui, avec son Ozio Regio, loisir royal, n’hésita pas à magnifier le violon dans un recueil de plus de cinquante pièces !
C’est cette aventure qui fit d’obscures maîtres à danser des pop-stars avant l’heure que Ma non troppo vous invite à découvrir.

Louis Creac’h, Julie Friez, Maud Sinda, Galel Sanchez, Camille Rancière, violon et alto | Clémence Schweyer, clavecin | Manon Fritsch, viole de gambe | Nicolas Verhoeven, violoncelle